C'est la fin de mes vacances. Elles ont réellement commencé fin juillet et n'ont pas été si mal quand on considère l'angoisse avec laquelle je les attendais. C'est sans doute parce que tout au long de ces longues vacances, j'ai eu Gatsby avec moi comme un ange gardien...Quand vous saurez que Gatsby est un personnage de fiction, le héros de "The Great Gatsby" de Fitzgerald vous me direz peut-être qu'on fait mieux comme ange mais que voulez-vous on choisit pas toujours tout...
En août j'ai vu "Les Berckman se séparent" au MK2 Bibliothèque. Le titre anglais de ce film est "The whale and the squib" (la baleine et le calamar) donc pendant quelques secondes j'ai eu très peur de m'être trompée de salle, style avoir tourné à gauche au lieu de tourner à droite (j'ai toujours eu beaucoup de mal à distinguer la gauche de la droite). J'ai attendu quelques autres secondes et ouf Jeff Daniels est apparu à l'écran, c'était le bon film.
"Les Berckman se séparent" est l'histoire d'un divorce. Ils habitent New-York, ils sont tous les deux à la fois professeurs de littérature et écrivains mais alors que monsieur vit sur le souvenir de ses anciens succès, madame elle commence à publier et à recevoir une critique favorable. Mais plus que les adultes, ce sont les deux enfants Berckman qui intéressent le réalisateur, chacun prenant le parti d'un des parents.
Le plus vieux prend celui du père qui l'a complètement façonné. Ce gamin est odieux, une outre gonflée de vent. Alors qu'un de ses professeurs met en doute son travail, Jeff Daniels s'insurge "Il a brillament disserté sur Gatsby son livre préféré " "Oui mais je doute qu'il l'ait lu" répond le professeur. Et c'est la première apparition de Gatsby dans mes vacances, un après-midi où j'étais seule (musique dramatique) et encline à la déprime...euh non où j'étais seule et pas trop mécontente de l'être après une semaine passée avec toute ma famille.
J'ai cru que Gatsby avait disparu quand j'ai refermé mon exemplaire Penguin pour la deuxième fois sur sa magnifique fin "and so we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past". C'était toujours en août et j'étais au premier étage d'une auberge de jeunesse madrilène, installée en nuisette dans le couloir pour finir mon livre. Je tiens à préciser que j'avais quitté la chambre de mon plein gré pour laisser mes amis dormir alors que moi je tenais à finir mon bouquin (oui parfois je suis obstinée mais uniquement quand j'ai raison) et que des jeunes hommes (non pardon des jeunes gens cf l'ex-prof de latin d'elynehil) aux nationalités indéterminées faisaient des va-et-vient histoire de cuver leur alcool. L'ambiance collait plutôt bien à ce que je lisais, on aurait cru la fin d'une de ces monstrueuse fêtes que donnait Gatsby avec moi dans le rôle du binoclard qui n'arrrive pas à croire que le livre qu'il tient dans ses mains est réel.
Mais Gatsby est tenace, il est devenu riche pour conquérir Daisy et il a emmenagé juste en face de chez elle pour la prendre à son mari. Même alors que le lecteur sait que Daisy restera avec Tom, Gatsby veille dans le jardin prêt à voler au secours de la jeune fille qu'il aimait. Même quand le lecteur sait que cela va mal se finir, Gatsby attend fidèlement le coup de téléphone de Daisy. Gatsby a à nouveau fait irruption dans mes vacances à travers ce qui sera le dernier roman lu pendant mon oisiveté: "The hotel New Hampshire" de John Irving dans lequel Lilly, une de soeurs du narrateur, tombe irrémédiablement amoureuse de la fin de Gatsby et comme il est logique avec Gatsby, son amour se finit mal.
Moi je ne suis amoureuse de rien ni de personne, alors je peux espérer un happy end. Je sais que c'est moi qui ai décidé de passer cet été en compagnie de Gatsby et qu'il n'y a rien d'étonnant à ce que deux oeuvres américaines fassent référence à un classique de la littérature américaine. Mais je sais aussi qu'il m'a aidé à apprécier ce que j'ai vécu pendant ces deux mois parce que les choses belles et intelligentes me font me sentir bien (même si elles sont tristes.)