Jaimelesfraisiers

Une citation que je devrais mettre en pratique "the way the world worked-which was badly-was just a strong incentive to live purposefuly and to be determined about living well"

04 septembre 2007

Les fantômes du chapelier

J'avais dit auparavant que je ferai un compte-rendu de mes lectures de l'été. Reflexion faite, je m'interroge sur l'intérêt qu'une telle note présenterait: mes lectures ont majoritairement concerné le programme du Capes d'histoire-géographie que je vais joyeusement préparer cette année scolaire (attention, il y a un intrus dans cette phrase!). J'ai d'ailleurs expérimenté ainsi de grands, grands moments de solitude par exemple quand un auteur a gentiment prévenu que nos connaissances sur Sparte n'étaient finalement que des conjectures...après avoir infligé un chapitre particulièrement soporifique sur l'organisation sociale spartiate qui n'était peut-être pas du tout du tout comme il l'a décrite.

Certes, l'histoire n'est pas une science exacte et il vaut mille fois mieux reconnaître une erreur pour ce qu'elle est, quitte à laisser un vide, qu'entretenir des fausses allégations (si si c'est de moi cette phrase). Cependant, j'avoue avoir du mal à m'intéressser à une polémique portant sur la différence entre les tortues de mer et les tortues de terre: on a retrouvé dans des tombes du Péloponnèse une monnaie grecque datant du Vème siècle avant JC et les spécialistes se disputent pour savoir si l'animal représenté est une tortue de mer- ce qui signifierait que cette monnaie appartenait à une thalassocratie - ou une tortue de terre - donc une cité pas trop thalassocratique, plutôt un truc genre ne quittons pas le plancher des chèvres et élevons-les, vous avez bien vu comment Ulysse a galéré et nous on n'a pas Athéna sous la main pour nous éviter les embrouilles. En même temps, le concept de thalassocratie est grandement exagéré, n'est-ce pas?

Non, je ne me plains pas.

Au cours de l'été, j'ai découvert Simenon. Je connaissais de nom, je connaissais surtout la série Maigret avec Bruno Cremer, qui est un bon acteur d'après la légende. Je dis d'après la légende parce que je n'ai jamais regardé un épisode en entier. J'ai souvent cru que j'avais réussi, il me semblait bien qu'il s'était écoulé deux heures depuis que Maigret avait porté son petit verre de blanc à ses lèvres et j'attendais confiante que le criminel soit démasqué...puis un bref coup d'oeil à ma montre me prouvait que non, l'épisode n'était commencé que depuis deux minutes et le meurtre n'avait pas encore eu lieu.

A lire, ce n'est pas du tout ennuyeux. Simenon a une écriture précise et sèche qui semble avare de détails. Sauf que les personnages et les lieux en surgissent comme des photographies (c'est assez proche du "style télégraphique" d'Hemingway). Et puis, c'est intéressant et instructif: les habitudes des Américains de la côte ouest dépeints par Robert Crais et Michael Connelly me sont plus familières que celles des Parisiens des années 50. Les intrigues ne sont pas particulièrement élaborées (pas de suspence à tiroirs Scoubidou- aha le fantôme était le directeur du zoo non le serveur du café non le pêcheur misanthrope non le réalisateur du film- type Harlan Coben) mais cette banalité affichée permet des études psychologiques très fines, menées par un Maigret qui connait aussi bien la nature humaine que Miss Marple (oui j'aime bien les romans policiers, j'en lis beaucoup.)

En revanche, je vais devoir continuer à me fier à la légende pour affirmer que Bruno Cremer est un bon acteur (mais je vous le conseille en somnifère! Si vous n'avez pas d'histoire de Sparte sous la main...)

24 août 2007

Harry Potter et les reliques de la mort

Je suis face à un gros problème: j'ai très très envie de parler du dernier Harry Potter, très envie de faire un classement de mes personnages préférés et envie de faire savoir à tous ceux qui se trompaient sur Rogue que moi j'avais raison (d'abord).

Oui mais. Mais si jamais, on ne sait pas toujours, si jamais un fanatique obsédé non-anglolecteur de Harry déboulait ici, parcourait cette note sans comprendre qu'il s'agit du dernier tome (donc un fanatique obsédé non-anglolecteur crétin) et décidait de se venger parce que je lui aurais gâché tout son plaisir (donc un fanatique obsédé non-anglolecteur crétin violent).

Bah je serais mal. Parce que les fanatiques obsédés de Harry Potter, ils font peur. Vraiment. Ils sont capables d'acheter le tome 7 en anglais (moi aussi) de l'acheter dès la nuit de la sortie (moi aussi aussi) et de faire la queue debout pendant 3 heures (encore moi aussi aussi). Là où ils commencent à être flippants (quoi je n'ai pas besoin d'en rajouter?), c'est lorsque pendant 2 heures ils discutent pour savoir si Rogue est gentil ou méchant, qu'ils se mettent à chantonner un truc horrible ressemblant vaguement au thème musical des films et qu'ils se dessinent des cicatrices au mascara sur le front (et qu'ils transpirent tellement dans la librairie bondée que le mascara coule humm so sexy). On trouve même parmi eux des êtres aux perversions incroyables, comme une fille complètement folle de Fleur Delacourt (qui devient un personnage acceptable dans le tome 6, mais rien d'optimal.)

Alors dans les prochaines notes, je ferai le compte-rendu de mes autres lectures de l'été et les classements d'autres personnages. J'ai beau m'en plaindre, je tiens quand même à mon corps. Je ne suis pas contre quelques petits changements (au niveau des cuisses par exemple, pour cesser d'avoir des visions de gelée à chaque fois que par inadvertance je les regarde, ce qui arrive très rarement, vu que mes cuisses et moi avons mis au point une forme particulièrement élaborée de ségrégation, together but separate) ou des échanges (si je perds mes cheveux, je peux avoir un troisième oeil?). En revanche, je souhaite garder mes deux mains (même si une suffit pour devenir un Jedi) mes deux pieds, mes deux oreilles (here i am, stuck in the middle with you), mon nez...Bref, je vais être patiente.

(Un vrai fan de Harry aurait appris l'anglais rien que pour la sortie du tome 7)

15 août 2007

Un peu plus loin sur la droite

J'ai plusieurs mauvais penchants (écrire très peu sur mon blog, prendre un ton hautain pour donner des explications, commencer les phrases par "moi je", me révèler incroyablement sarcastique-à se demander comment j'arrive à sentir le goût de la nourriture avec une telle acidité en permanence sur la langue- soupirer sans raisons, me plaindre...) mais le pire (en tout cas celui qui pose le plus de problèmes) c'est que je déteste, je déteste qu'on m'aide ou me donne des conseils sans que je l'ai demandé. Je considère cela comme une intrusion impardonnable dans ma vie privée. Je sais que tout part d'une bonne intention, je sais que je devrais être reconnaissante mais je n'y arrive pas, en tout cas, pas sur le moment (et dans la plupart des cas, si je m'en veux de m'être emportée, je reste fermement convaincue que l'autre n'avait pas à agir ainsi même s'il l'a fait pour mon bien_ enfin ce qu'il a pensé être mon bien)

Il y a aussi la version édulcorée, quotidienne et totalement ridicule de ce travers. Ainsi, je ne compte plus les disputes avec ma mère qui ont commencé parce qu'elle avait rangé mes vêtements (oui ils étaient en boule par terre mais 1) ils étaient sales 2) je n'en avais pas encore assez pour faire une machine surtout qu'il faut économiser l'eau pour attention mot magique "l'environnement" 3) ils cachaient le fait que la moquette avait besoin d'un bon coup d'aspirateur). Elle, abasourdie par ce déchainement de violence alors qu'elle était en droit d'attendre des remerciements, concut généralement "Tu as le même sale caractère que ton père".

Sauf que.

Sauf que hier mon père a pris la voiture de ma mère. Il est rentré, s'est installé dans le jardin, ma mère est venue discuter avec lui pendant que je préparais un brownie dans la cuisine.

"Ohlàlàlà ta voiture mais il y a des papiers partout par terre, de la poussière, des toiles d'araignées...Heureusement j'ai nettoyé."

Ma mère, sur la défensive "Pourquoi tu as nettoyé?"

Mon père, qui ne voit pas venir le danger"Mais je te l'ai dit, il y avait des papiers partout et des toiles d'araignées"

Ma mère, d'une sincérité désarmante"Et alors, j'aime bien comme cela" (une pause) "Et puis je suis sûre que tu as lu les papiers"

Mon père, commençant à paniquer et à élever la voix "Mais non, non, j'ai juste nettoyé, voyons, tu ne voulais pas laisser ta voiture dans cet état"

Ma mère "Si c'est ma voiture, je la voulais exactement comme ça et puis même, ce ne sont pas tes affaires".

Alors là je me suis sentie minable. C'est vrai quoi, mon pauvre papa, il est allé travailler et gagner notre pitance (surtout que ce n'est pas donné la poudre d'amande pour le brownie) et en plus il a fait l'effort de ranger la voiture, gentiment, pour éviter ce désagrément à sa petite femme. Et moi, je réagis exactement de la même manière, quand, gentiment, ma maman m'évite des tâches ménagères dans ma chambre.

...

En réalité, j'ai fermement soutenu ma mère. Il s'agit de sa voiture, déjà elle l'a prêtée, mon père était censée la rendre dans l'état. Ok, l'état était catastrophique, mais il connaît ma mère, il sait que ce n'est pas une souillon et qu'elle allait la nettoyer. Qu'est-ce qu'il a à se mêler de ce qui ne le regarde pas, personne ne lui a rien demandé. Elle a bien le droit de faire les choses comme elle veut, quand elle le veut sans avoir à supporter l'air vaguement supérieur et protecteur "oui moi dans ma grande bonté j'ai fait ce qui était nécessaire pour toi pauvre petite chose incapable".

Je sais, je suis une garce, ma mère en serait une si elle n'était une mère et mon père est une pauvre victime qui devrait demander de toutes urgences l'asile familial à Glen Oak.

N'empêche que je suis ainsi. Cela changera peut-être, après tout je vais changer tout au long de ma vie et ce côté arrivera peut-être à s'estomper. Si je demande un service, évidemment que je suis reconnaissante. Si je vais mal et que je le dis, évidemment que j'apprécie le réconfort qu'on m'apporte. Mais bien souvent, je ne veux ni services, ni conseil, ni réconfort; je préfère parler de ce qui ne va pas pour réussir à définir exactement ce que c'est; je préfère faire les choses par moi-même quitte à me tromper; je préfère qu'on ne passe pas les limites que je crée. Je ne veux pas qu'on m'aide, je veux qu'on m'écoute et qu'on me laisse parfois tranquille. Parce que j'ai besoin, de temps en temps, d'être tranquille.

Et puis je suis certaine qu'il les a lus, ces papiers.

10 juillet 2007

La machine à explorer le temps

Parfois je me demande vraiment quel âge j'ai.

Ce week-end par exemple. Je l'ai passé à l'hippodrome de Longchamps, entourée de "gauchos de merde" (copyright ASSAS) du genre qui applaudissent à tout rompre quand Prawn dégomme le portrait de Sarkozy et qui portent des T-shirts anti-Bush. Je n'ai pas "kiffé la vibe" avec Diams (un peu d'indulgence c'est la seule chanson d'elle que je connais et il m'a fallu l'entendre à de nombreuses reprises pour comprendre le refrain) mais j'ai en revanche sauté et hurlé au concert de Sum 41, comme si j'avais toujours 15 ans (je dois avouer que je n'étais pas aidée par le groupe dans ma distorsion temporelle car ils ont exactement la même tête que lorsque j'avais 15 ans, celle chanteur n'a absolument pas changé, à un pic de sa chevelure près...et la franchise étant de mise, je dois aussi avouer que Derek- c'est le prénom du chanteur-lance comme une fille, la serviette qu'il a jetée dans le public a péniblement atteint le deuxième rang...Ah et sinon il a un humour aussi pourri que le mien puisqu'il s'est présenté en disant "My name is Derek and i am an alcoholic" blague de mauvais goût que je fais très souvent lors des présentations sous la forme de "On se croirait aux alcooliques anonymes") .

Mais c'était génial comme concert, presque aussi vibrant que l'heure magique passée à écouter Abd Al Malik le dimanche, toujours à Longchamps (et le reste était très bien aussi, j'adore Solidays, je veux y retourner l'an prochain, la Japan Expo ne fait vraiment pas le poids.)

Oui mais voilà, la semaine commence et déjà trois personnes d'ages et de sexes différents m'appellent madame mais en plus, en plus, et j'ai honte de l'avouer, tellement honte parce que oui c'est si ridicule, si bête mais peut-être pas aussi stupide que la simple réalité d'avoir honte d'avoir prononcé ces paroles qui ne sont après tout que très banales...Bref j'ai eu cette conversation:

"Je dois m'acheter un parapluie"
"Mais à quoi ça sert, tu en as déjà un de parapluie"
"Non je l'ai cassé, je te l'ai même dit tout à l'heure"
"..."
"..."
"On fait vieux couple là non?"
"Ouais"

Plus tard au rayon parapluie, des nonagénaires, la femme lance un regard en coin aux ustensiles de protections contre les ondées intempestives (pas de répétitions, pas de répétitions), elle s'approche à petit pas puis se jette sur l'un d'eux et commence à le tâter. L'homme, exaspéré:

"T'en as déjà un!"
"Non il est cassé!"

...

La bonne nouvelle c'est que mon parapluie a depuis ressucité. Les mauvaises c'est qu'il ne multiplie pas les pains (j'ai testé) et que j'ai toujours des doutes sur mon âge. Je pense que la réponse va être la même que pour pas mal des problèmes insolubles de mon existence "Cela dépend".

Là tout de suite par exemple, je trouve que je colle parfaitement à mon âge réél, il faut que je profite de ce petit moment de grâce!

23 juin 2007

Comme cela fait longtemps que je n'ai pas écrit...

...( et comme je lis beaucoup PiOCi en ce moment) j'ai donc décidé de vous faire bénéficier d'un classement: le classement des 10 mots, interjections et expressions que j'utilise le plus.

10) Arf: c'est dans le manga Nana que cette interjection est sans cesse employée et je l'ai faite mienne. Elle est très pratique pour exprimer la perplexité et pour condenser la longue phrase "je ne sais pas quoi te dire mais je veux dire quelque chose pour te montrer que je ne m'en moque pas simplement j'ai peur de choisir les mauvais mots et d'aggraver les choses donc...Arf".

9) Donc: déjà apparu deux fois dans cette note. Je n'ai pas besoin d'en dire plus...donc.

8) Je suis moche/nulle/conne: grande surprise pour cette phrase pour laquelle beaucoup de monde attendait au moins une place dans le tiercé gagnant si ce n'est le haut du podium. Les trois attributs peuvent être utilisés ensemble ou séparément et dans n'importe quel ordre. La dépréciation étant à l'ordre du jour quand je prononce cette formule, les mots sont rarement "laide, incapable et stupide".

7) Je n'ai pas de vie: dépréciation, épisode II. J'aurais du déposer un brevet durant mon adolescence, tous les no-life du moment me payeraient des royalties.

6) C'est glauque: glauque au sens propre signifie "d'un vert tirant sur le bleu" au sens figuré "sordide, louche" au sens dobbyesque c'est la condamnation ultime, un film, une série, un roman ou un manga qui s'est vu qualifier de glauque a définitivement perdu toute chance. La seule exception vaut pour les stations de métro: Châtelet les Halles, c'est glauque, mais je ne peux pas faire sans.

5) C'est trop: au choix, "drôle" "bien" "méchant" "méprisant"...Tout est toujours "trop" chez moi, preuve d'un tel manque de confiance en mon jugement qu'il faut que je le transforme en hyperbole pour le communiquer? A noter que l'expression "c'est trop glauque" est absente de mon vocabulaire puisque que comme vous l'aurez compris, "glauque" est déjà un terme hyperbolique.

4) Non, ce n'est pas cela: en droite ligne de mes 14 ans d'âge mental, l'expression phare de la crise d'adolescence "vous ne comprenez rien" tempérée par les 8 ans que mon corps a tout de même vu passer alors qu'elles sont inexistantes pour mon esprit.

3) Même: J'ai même failli écrire plus haut "les 8 ans que mon corps a de tout de même vu passer même si elles sont inexistantes pour mon esprit" mais j'exècre les répétitions.

2) D'ailleurs: Je chéris en revanche les digressions d'où mon amour pour le "d'ailleurs" qui permet d'en introduire de très jolies en donnant l'impression d'un lien logique.

1) C'est comme: Les comparaisons sont mes meilleurs copines. On s'amuse énormément ensemble même si je passe souvent à cause d'elles pour une personne étrange. D'ailleurs, vous avez pu en profiter puisque j'ai expliqué ici que la vie c'est comme un jeu Mario et l'amitié, comme un concert. Les élèves que j'ai en soutien en sont venus à traquer les analogies que je peux trouver pour leur faire mieux comprendre leurs cours et il suffit que je dise "c'est comme" pour les voir afficher un petit sourire en coin, sourire qui devient pur désarroi quand j'affirme que le texte de Proust qu'ils doivent étudier pour leur oral de bac ressemble à s'y méprendre à un épisode des Experts.

31 mai 2007

Jolie petite histoire

(et en échange, Vincent m'expliquera pourquoi Dobby est cupide, je ne comprends pas là)

Il était une fois une shinigami, une crevette et une elfe qui étaient en déprime. Elles décidèrent donc de se retrouver pour parler, manger, pleurer et encore manger. Elles commencèrent par s'installer sur un banc d'où elles pouvaient admirer des filets dont la ressemblance avec des préservatifs acheva de les attrister, les problèmes sentimentaux étant au coeur de leurs déprimes (pour les filets-capotes, allez au Palais-Royal, je vous jure que l'association d'idée se fait d'elle-même).

"J'ai faim" dit l'une des trois et elles se dirigèrent alors vers la rue Saint-Anne, où les attendait un lieu magique débordant de sushis, de makis, de riz à la sauce soja sucrée et de brochettes (mais comme en vrai on n'est pas dans un conte, il a fallu payer à la fin).

Un peu revigorées par ce plantureux festin, nos trois protagonistes envoyèrent valser les notions de régime et d'alimentation équilibrée en s'engouffrant dans une enseigne d'un célèbre glacier. Elles firent la rencontre d'une accorte vendeuse qui les servit fort généreusement. Elles auraient bien dit "Mille merci gente dame, la douceur de vos glaces n'a d'égale que celle de votre sourire qui réchauffe nos coeurs meurtris" (mais faut pas déconner, les glaces ça fond donc faut les manger vite, ya pas le temps pour les compliments à rallonge)

Bref, elles la remercièrent et allèrent s'asseoir près d'un bassin, lui-même près d'une pyramide, elle-même près d'un palais, lui-même près d'un Macdo. Elles savouraient leurs glaces quand leur vision fut obstrué par un importun qui avait fort piètre allure avec sa chemise violette mettant en valeur son ventre proéminent. Le personnage se livrait de plus à une activité des plus étonnantes: il semblait en effet se parler à lui-même. Le mystère fut éclairci quand nos perspicaces héroïnes remarquèrent le fil qui quittait son oreille pour lézarder sur sa chemie moulante et atterrir dans sa poche: l'homme était au téléphone via son kit main-libre!!!!

Que se passa-t'il alors? Il essaya semble-t'il d'entrer en contact avec nos trois séduisantes déprimées mais au moment où il leur adressa la parole, la crevette qui n'avait pas remarqué le mouvement d'approche du douteux personnage lança une répartie qui fit énormément rire la shinigami et l'elfe. Croyant qu'on riait de lui, le beauf (bah ouais, un type avec une chemise violette criarde ouverte sur le torse vous appelez ça comment?) tint ce langage à son oreillette:

"Quant t'as pas le feeling, t'as pas le feeling...J'ai essayé tout à l'heure avec une Russe superbe et bah...et là encore...Mais avec des moches hein, moches de chez moches"

Indignées, elles se jettèrent sur lui, l'étripèrent et son souvenir vécut longtemps sous la forme de petits bouts de tissu violets distribués comme talisman aux enfants pour les empêcher de devenir des goujats. (non en vrai, on a fait genre on n'était pas vexées...D'ailleurs on ne l'est pas. Pas du tout. Du tout)

Je devrais travailler mon mémoire mais...

...la culpabilité, la honte et le travail en retard, c'est toujours agréable.

Toujours à la recherche de ma définition de l'amitié, j'essayais comme d'habitude de trouver des théories, de conceptualiser, de mettre des tas de mots en "isme" et en "tion"...Mais (comme d'habitude) j'échouais lamentablement, le langage abstrait et moi ne sommes décidément pas copains. Et (comme d'habitude toujours) c'est à travers une image bancale et étrange (tiens cela me rappelle le test de personnalité avec cette question "les autres ont-ils du mal à suivre le cours de votre pensée?" OUI!!) que j'ai réussi à formuler de la meilleure manière ce que je pensais de l'amitié.

En fait, l'amitié, c'est comme un concert.

Je développe, je développe. Il y a des personnes qui ont entendu le nom de l'artiste, certaines de ces personnes l'apprécient même et connaissent une ou deux chansons par coeur mais la salle de concert ayant une contenance maximale, tous ne sont pas des amis (cela fait un peu 20th century boy là) surtout qu'il faut avoir l'occasion de se procurer une place. Parmi les amis, on trouve ceux qui sont dans la fosse: les plus proches, ceux qui partagent tout avec la plus grande intensité mais qui sont dans une position inconfortable, ceux qui ont mal au dos quand le concert s'éternise, ceux qui encaissent les coups et qui sont capables d'en donner. Puis les gradins, bien assis, bonne vision de la scène, ils peuvent de temps en temps se lever pour danser, taper des mains, marquer le rythme: pendant ces moments, les gradins et la scène ont l'impression qu'ils ne sont pas si éloignés. Pour finir, ceux qui sont à l'autre bout de la salle, tout en haut, qui entendent mais ne voient pas très bien: pas grave, parce qu'être placés là ne leur coûte pas tellement d'efforts et qu'ils savent que pour un autre chanteur, ils seront dans la fosse ou dans les gradins.

Evidemment, il y a des recompositions, des personnes se lassent, d'autres viennent pour la première fois, certains se trouvent trop vieux et trop usés pour la fosse et préfèrent les gradins, certains font le raisonnement inverse.

Mais est-ce que chacun peut se sentir heureux de participer à un concert, quelque soit l'endroit où il est placé, qu'il ait à souffrir d'une trop grande distance ou de pieds écrasés et de coudes dans les côtes? Oui, mais cela ne dépend que de ceux qui sont sur scène.

J'ai bien des amis qui sont plus proches que d'autres, pour de nombreuses raisons...Mais tous ont de l'importance à mes yeux (bah oui, plus il y a de monde au concert, plus le chanteur est riche!) je dois donc essayer de les aider et de leur faire passer de bons moments.

Comme d'habitude, dans ma tête c'était plus clair...Tant pis.

22 mai 2007

L'objet de mon affection

(un joli roman avec une jolie adaptation où on retrouve Rachel aka Jenifer Aniston pour les personnes normales)

"Tu n'as simplement pas eu d'occasions".
"Et puis il y a les occasions aussi".
"Il te faut une bonne occasion".

Voilà, 22 ans, toujours seule, en déprime à ce sujet et cela suffit pour que ressorte le couplet de l'"occasion" qui a une fâcheuse résonnance dans ma petite cervelle. J'en viens à croire que c'est moi qui ait perdu ma fraîcheur, mon emballage de cellophane, la moitié de mon prix et qu'au lieu d'être bien rangée sur des étagères propres, je me retrouve dans un bac poussiéreux, à la diposition de tous, envisagée par certains, choisie par aucun.

Ces amis bienveillants, bien-pensants, bienséants qui me matraquent avec leurs occasions ils ne me comprennent simplement pas. Ils pensent que je suis une fille intelligente, lucide et pas trop immature.

Oui mais non. Quand on en vient aux relations humaines (oui juste humaines, affectueuses ou amoureuses c'est encore pire) j'ai 14 ans d'âge mental, je me roule en boule dans mon lit en écoutant les Smashing Pumpkins et en disant que de toutes façons, le monde est trop nul, je suis trop nulle, rien ne sert à rien, tout est pourri et surtout moi parce que moi je suis différente mais en moins bien, pas différente classe comme ces filles là et que personne personne personne ne voudra jamais de moi.

Je sais que vous avez raison, je vais essayer de grandir et d'arrêter de me regarder le nombril.

Au passage, cette déprime (passagère je l'espère, mais encore loin d'être finie) m'a permis de m'interroger sur l'amitié. Comment savoir qui sont mes amis? Comment savoir s'ils ne le sont pas par défaut, parce qu'il n'y a personne d'autre et que je ne veux pas être seule? Les amis sont-ils eux aussi soumis au diktat impitoyable de l'occasion?

Oui bien sûr. Il y a peut-être à Buenos-Aires une passionnée de Jane Austen, de romans policiers, de shônen et de séries télévisées, persuadée que les betteraves sont des produits extra-terrestres (ça a une drôle de couleur et ça suinte) mais je ne la rencontrerai probabalement jamais. Aucune importance, parce qu'ici j'ai des amis qui partagent ces goûts, parfois qu'un, parfois plusieurs et qui en ont une multitude d'autres à me faire découvrir comme dans un kaléidoscope géant et cependant invisible (ils sont en revanche unanimes le fait que, non, les betteraves ne viennent pas de l'espace).

Et puis finalement...Combien y en a t'il pour qui je suis prête à faire tous les efforts nécessaires? Pas tellement. Mais ces personnes-là sont mes amis, pas d'après d'un classement objectif de tout ce qu'ils ont pu faire ou pas pour moi, mais parce que j'en ai décidé ainsi et que je sais ce que je suis capable de faire pour eux.