Jaimelesfraisiers

Une citation que je devrais mettre en pratique "the way the world worked-which was badly-was just a strong incentive to live purposefuly and to be determined about living well"

14 décembre 2006

L'éducation sentimentale

Pardon pour cette loooongue interruption, la faute encore à mon ordinateur familial, à sa générosité qui le pousse à héberger tous les mendiants qui frappent à la porte, même ceux qui sont de toutes évidences lépreux et vérolés (lorsque les machines contrôleront le monde, mon ordi sera au moins béatifié).

C'est étrange, lors de la dernière interruption j'avais hâte de revenir écrire et là je bloque, je n'ai rien à raconter. Lorsque j'étais en deuxième année de prépa littéraire (oui je sais il y a un mot pour cela mais ma bonne résolution de 2007 c'est de me sortir de la tête tout ce fatras élitiste qui parle d'h*********, de k*****, de c***** ou même k***** pour les plus pédants, depuis que j'ai rencontré une fille qui répète trois fois par jour qu'elle a fait une première année de prépa alors qu'elle y est restée un mois : vous comprenez, être allée en prépa, cela pose une pauvre étudiante qui sinon se retrouve obligée d'avouer qu'elle a passé toutes ses études supérieures à la Sorbonne, la honte...) bref à ce moment-là de ma scolarité le programme de philosophie portait sur le corps. Le grand défi de mon professeur était de nous prouver que non il n'y avait pas de séparation entre le corps et l'âme : c'est la même chose mes enfants, seulement ils ont des modalités d'action différentes et ils n'interviennent pas sur les mêmes plans. Il y avait un super-héros comme cela, au repos c'était deux personnes distinctes, un scientifique et un jeune sportif et ils pouvaient fusionner pour faire apparaître Machin chose Man qui se retrouvait à la fois intelligent et athlétique (le créateur de ce comic devait avoir potassé à fond le célèbre adage : si tu veux un homme beau, intelligent et riche, prends-en trois).

La théorie de mon ancien prof de philosophie (oui parce qu'il avait beau nous faire croire que tout ce qu'il disait était écrit dans Platon, Aristote et dans la Bible, c'était de l'interprétation pure, de celle qui peut interpréter sans texte) je la trouve raisonnable, sensée, intelligente et intéressante. Je suis d'accord avec lui (en vrai je suis d'accord avec moi, parce que je suis certaine que si j'ai compris comme cela ce qu'il nous disait, mes camarades l'ont compris autrement, chacun à sa manière). Mais moi, quand je me sens bien, sans être particulièrement heureuse ou extatique (dans quel dessin animé j'ai appris ce mot?), j'ai l'impression que j'ai mon âme au bout des doigts, qu'elle est à l'intérieur de moi et qu'elle me remplit parfaitement jusqu'aux extrémités les plus fines.

Et parfois l'adéquation ne se fait pas. Ce sont des périodes étranges parce que je ne suis pas triste, je ne suis pas angoissée, je ne suis pas déprimée mais "ça" ne va pas. Le mot qu'il faudrait c'est "désaccordée": il y a des moments où je me sens désaccordée, où ce que je fais n'est pas nécessairement contradictoire avec ce que je sens et pense mais "ça" ne va pas ensemble, cela produit un son déplaisant comme si deux choses qui ne devaient jamais se toucher entraient brusquement en contact et se mettaient à grincer contre cette monstreuse incohérence. Mais "ça" passe, peut-être parce que je m'habitue au bruit, peut-être parce que quand deux éléments s'usent l'un l'autre, ils finissent par s'emboîter.

Et parfois je pense à Frédéric Moreau (cf le titre du post, oui parce que c'est peut-être mieux si je parle-un peu-des romans que je choisis) et je pense qu'on pourrait aussi dire de moi que "son suicide fut empêché par la hauteur du parapet". C'est peut-être à cause du léger malaise que je ressens, mais je trouve que dans son ironie cruelle et réaliste, cette phrase est la plus drôle que je connaisse.

(Ah rien à voir mais à propos des machines qui contrôlent le monde : on m'a souvent dit que si les fourmis étaient plus grandes, ce sont elles qui gouverneraient l'univers -remarquez l'effort pour éviter la répétition- seulement une fourmi c'est très facile à désorienter...Comme moi quand il fait noir et qu'il faut trouver la rue des Favorites dans le 15ème, je fais deux fois le tour de la place avant d'enfin repérer la bonne rue. Donc je suis une fourmi à taille humaine et je ne suis pas la souveraine de l'humanité, ces histoires de contrôle du monde c'est vraiment n'importe quoi...Si d'autres se reconnaissent dans cette définition, qu'ils prennent contact avec moi, on pourra peut-être tenter quelque chose...)

5 Comments:

  • At 7:30 PM, Anonymous Anonyme said…

    Je prends contact ^^
    Ben, en tout cas contente de te revoir... pour quelqu'un qui n'a pas grand-chose à dire tu écris beaucoup en tout cas :-p
    Hmm... plus grand-chose à dire moi...

     
  • At 4:32 AM, Blogger Moudi said…

    waw... hum... plusieurs heures ont passé depuis que j'ai lu cet article, mais je sais pas trop quoi dire non plus...
    j'ai même pas le plaisir d'être preum's alors ça sert plus à rien de toutes façons !

    Un gros gros (mais vraiment gros hein!!) bisou pour toi ma désaccordée... <3

    Continue d'écrire s'il te plaît !

     
  • At 11:16 AM, Anonymous Anonyme said…

    Ca fait plaisir de te lire à nouveau !

    Quand j'ai vu le titre de ta note, j'étais contente : L'E.S. est mon bouquin préféré, fut un temps où je le connaissais par coeur. Frédéric Moreau est grand dans sa médiocrité. Cette histoire de suicide est tout simplement désopilante.

     
  • At 10:35 AM, Blogger Dobby said…

    J'ai pensé à toi en choisissant ce titre Luciole en couleurs, je me rappelais ton admiration pour Flaubert! Admiration que je partage.

     
  • At 6:57 PM, Anonymous Anonyme said…

    je ne peux que me reconnaitre dans cette définition de fourmi à taille humaine étant donné que l'épisode de la rue des favorites fait partie aussi de mon expérience personnelle (et commune avec toi, dis donc qu'est-ce qu'on expérimente toutes les deux ! lol)

    bisous et puis pr le sentiment d'être parfois en pure adéquation corps/âme et parfois désaccordée je suis d'accord, je regarde parfois ma main en me demandant à qui elle est ou ce qu'elle fait la.(ouioui ca m'arrive vraiment)

     

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