Jaimelesfraisiers

Une citation que je devrais mettre en pratique "the way the world worked-which was badly-was just a strong incentive to live purposefuly and to be determined about living well"

09 février 2007

La lecture et la vie

(Pourquoi je me fatiguerais à trouver un bon titre quand les livres d'histoire m'en fournissent de si jolis? Le livre en question traite de la relation entre Sue et Balzac et leurs lecteurs en étudiant les lettres que ceux-ci envoyaient aux écrivains)

Pendant longtemps, je n'ai pas aimé lire Balzac.

Je me souviens encore de ces vacances chez mes grand-parents : moi à 14 ans, tout en os, les cheveux qui m'arrivaient à la taille, des lunettes rondes et un ennui incommensurable se reflétant sur ma figure (dites "histoire économique du 11ème siècle byzantin" devant moi et vous verrez de quoi je veux parler). Lors de ces vacances de Pâques, une catastrophe s'est abattue sur moi : je n'avais plus rien à lire chez mes grand-parents. J'avais fini tous les romans des différentes bibliothèques (primerose, rose, verte, rouge et or), j'avais tenté quelques incursions plutôt couronnées de succès vers des romans plus adultes comme La cité des sortilèges, j'avais dévoré Le Bossu, j'avais lu un quasi Barbara Cartland intitulé Une trop jolie gouvernante (à la fin elle épouse le maître de maison mais comme elle est plus veinarde que Jane Eyre, celui-ci est toujours en état de marche dans l'épilogue), j'avais retrouvé le petit Olivier dans Les fillettes chantantes et j'avais vu grandir Claudine, ma nouvelle copine, bien plus dévergondée que Martine et Caroline que j'avais laissé tomber en entrant au collège.

Il a donc fallu me résigner et prendre LE bouquin qui me narguait depuis 14 ans : Eugénie Grandet de Balzac. Et...Oh-my-God il est obligé d'utiliser des périphrases à chaque fois pour désigner ses personnages? Je ne sais pas moi, il y avait une loi dans ce temps là, il risquait la guillotine s'il ne l'appliquait pas? Et c'est quoi ce roman où il ne se passe rien? Bon ok je suis habituée à Jane Austen où il ne se passe rien non plus mais là non seulement niveau action c'est mort mais en plus niveau écriture waouhh le flip ils sortent d'où tous ces mots? Et niveau analyse des sentiments autant je veux bien dans Une trop jolie gouvernante c'était trop mais là qu'est-ce qu'ils ont tous à être obsédés par l'argent? Balzac plus jamais...

Puis j'ai grandi tout comme Claudine, les os se sont enrobés de chair, les lunettes sont devenus rectangulaires, les cheveux ont été coupés et je suis entrée en prépa littéraire. En littérature justement le premier texte que nous étudions : La Rabouilleuse de Balzac. Mais je lui ai fait quoi à la fée qui s'est penchée sur mon berceau?

Miracle! Grâce à l'enthousiasme de ma prof, Mme Michaux (qui avait bien des défauts mais qui aimait son métier), en dépit d'une description de 15 pages complètement farfelue de la ville d'Issoudun (étymologie du nom de la ville d'après Balzac: Isis sous Dun, rien que ça) j'ai adoré!!! Et je continue!! Petit à petit j'essaie de grignoter la Comédie Humaine et j'aime cela...

Parce que Balzac nous présente un tableau extraordinairement vivant de la société française et de ses évolutions au début du 19ème siècle...Parce que si les descriptions de paysages me semblent parfois indigestes, celles des personnages sont parfaitement ciselées...Parce que dans ses romans les événements s'enchaînent à un rythme de plus en plus rapide qui entraîne le lecteur dans une cavalcade éreintante mais jouissive jusqu'au point final.

Et puis parce que c'est beau.

Prenons Mme de Sérisy par exemple: Mme de Sérisy est une grande dame du faubourg Saint-Germain. Elle tombe amoureuse de Lucien de Rubempré, un poète qui a des ambitions d'homme politique, guidé dans l'ombre par l'abbé Herrera, une des nombreuses incarnations du célèbre malfaiteur Jacques Vautrin. Mme de Sérisy apprend que Lucien est emprisonné: elle se précipite à la Conciergerie, obtient sa grâce mais elle entend alors une rumeur disant que son amant s'est suicidé dans sa cellule. Eperdue de douleur, elle court jusqu'à la partie du château où sont gardés les prisonniers et quand on refuse de lui ouvrir la grille, elle en casse une des barres...pour finalement découvrir que la rumeur était vraie: son amour est mort, elle tombe évanouie. Le concierge et le directeur de la prison n'ont plus qu'à déplorer " la force des femmes amoureuses et la fragilité des barres de fer"

Quand je vous disais que c'était beau.

3 Comments:

  • At 4:55 PM, Anonymous Anonyme said…

    Oui c'est vrai c'est très beau et ca relféte une belle vérité ^^
    J'adore tes textes :D ils sont très bien écrit je ne sais pas comment tu fais mais c'est épattant !

    Bon je continue ma tournée de com's ;)

     
  • At 6:58 PM, Blogger Dobby said…

    Quelqu'un pour commenter ma note sur Balzac! Vu le sujet je n'y croyais pas...Merci beaucoup :-)

     
  • At 9:28 AM, Anonymous Anonyme said…

    Re-coucou ma p'tite Al !
    Bon, j'ai bientôt fini de ratrapper mon retard (c'est déjà ça). Balzac, Balzac... Si toi aussi tu t'y mets !? Je vais être la seule à faire de la résistance active au super-réalisme du XIXème ? M'en fiche ! Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !

     

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